Depuis  plus d’un siècle, une part toujours croissante de l'intelligentisa française s’attache à vomir les religions. Reniant le christianisme et ses rites, elle participe au rejet du message originel du Christ, et par ricochet à la défiance pour toute forme de spiritualité.
Ce message à portée universelle a pourtant dicté aux philosophes des Lumières* le triptyque devise de la République !
Notre collectif s’intéresse particulièrement à une “ fraternité ” mise en préalable à toute relation
Cette fraternité universelle fait écho au si galvaudé “ Aimez-vous les uns les autres ”. A-t-on jamais eu mieux à proposer ? Ce précepte convient à toutes les convictions dès lors qu’est accepté un lien commun – que l’on peut nommer Dieu, ou dessein commun, ou enfants d'une même Terre.
Cette fraternité universelle favorise le rapprochement entre les êtres. Elle supplante – supplanterait – très utilement le rapport de force, pratique si usuelle de l’humanité.

Il n'y a là aucun lien à rechercher avec quelque religion, quelque culte ou dogme que ce soit. Notre référence-titre à Jésus figure l'incarnation souveraine d'un amour universellement disponible *.

Qu’ambitionne l'humanité ? Que visent les grandes idéologies, chrétiennes ou marxiste, orientales, islamisantes ou athées ? Toutes aspirent, et nous aspirons de fait, à un monde amical, uni
Or la fraternité ne constitue pas seulement un but, mais le seul moyen efficace pour atteindre ce but.
La pratique initiale de la fraternité installe en priorité ses déclinaisons que sont l’empathie, le non-affrontement, le pardon, l’équité, le partage, la charité, le service gratuit. Cette fraternité posée en socle pave un chemin autrement plus stable que le chemin habituel, "normal", du monde, fait de relations d’opposition, de rapports de force, de contrainte, et au final de souffrances.

Qu’est-ce à dire ?

Tous les systèmes essayés "selon le monde" ressortent imparablement de l’imperfection, du fragmenté. Mêmes animés des meilleures intentions, les dispositifs utilisés par ces systèmes nous maintiennent très largement dans les manques dont ils prétendent nous extraire. Puisés dans notre native opposition entre éléments séparés, ces dispositifs valident peu ou prou la séparation, l’antagonisme, entretiennent les conflits où naissent les souffrances.
Veut-on la paix ? On prépare la guerre. Vise-t-on à la suffisance pour chacun ? On la recherche par le profit ou la confiscation. Prétend-on au partage ? On invite la spoliation. Prétend-on à la Justice ? On convoque la répression, la contrainte, l’arbitraire. Plaide-t-on pour l’égalité ? On s’acharne à l’imposer par la domination ou le nivellement. Plaide-t-on pour l’unité ? On en appelle à la loi du plus fort. Cherche-t-on des amusements ? On en vient vite à enrôler la compétition. Etc.
Les remèdes portent en germe le poison. Prétendant au "bien", les systèmes du monde coutumier recourent à des dispositifs d’opposition entretenant une souffrance. Pour corriger un excès, ils recourent à un excès opposé, parfois à peine moins dévastateur, parfois pire dans ses conséquences.
Chaque geste selon le monde classique, aussi bien intentionné soit-il, suscite une souffrance de petite ou grande envergure. Ainsi tente de progresser le monde vers l’unité : à pas rétrécis et doses homéopathiques, cette médication soignant le mal par le mal. Par son efficacité même, et aussi réelles puissent être les avancées qu’il favorise, le fonctionnement coutumier entretient une souffrance de relation. Il n’éteint pas mais au contraire entretient la division, l’inégalité, la rancœur, le conflit ; en un mot, la violence d’opposition dont il prétend triompher au final. L’instinct de domination, l’égoïsme matérialiste, la volonté de puissance servent - au moins en partie - de racine à ce système.

La philosophie de Je suis le chemin privilégie un système où les partenaire remplacent les adversaires, un paradigme bénéfique pour tous et pour tous temps.
. Pour commencer à fonctionner, il demande l’adhésion sincère, et non plus le formalisme, l’observation d’une règle imposée ; l’adhésion, inverse de la contrainte. Et de là, la propagation par l'exemple, la contagion.
. Il réclame donc la pratique du libre-arbitre, de la responsabilité personnelle, étendue à l’univers. " Ma liberté commence là où commence celle de l’Autre " en déduira l’existentialisme.
. Vivre selon le précepte de l'Amour revient à utiliser sa puissance personnelle au service de l’Autre ; en définitive, à participer à l’amélioration du monde. Cette puissance cause, non du plaisir, mais la joie du sentiment d’exister. Sur ce point Jésus est sans doute plus proche de Nietzsche que de Pascal.
. Cette pratique fraternelle entraîne le respect, le partage, la non-violence. Elle peut bien pourtant critiquer, dénoncer, réprouver. Seulement, elle commande la recherche de la vérité, de la justice et de l’authenticité.

* "Je suis le chemin, la vérité et la vie" – prête à Jésus-Christ l'évangile de Jean. Qu'il s'agisse ou non des mots originaux, ils restituent bien l'idée que Jésus avait de sa mission  : par sa proclamation et son attitude indiquer le chemin de la fraternité, le seul permettant à l'humanité d'aller vers son accomplissement. Jésus "invente" le principe d'égalité, à peu près ignoré alors, entre personnes nées d'une même source. Entre personnes et non individus. Car Jésus fait également émerger ce concept de "personne", responsable d'un comportement authentique fruit d'une décision intérieure, sincère, quand régnait seule la notion d' "individu", partie d'un corps social dont on attend un comportement conforme à des règles apprises (on parlerait notamment aujourd'hui de fondamentalisme).